Question sur : Comment qualifier le travail vis à vis de la population et ses spécificités ? En réponse à :

Sujet : Comment qualifier le travail vis à vis de la population et ses spécificités ?

R�pondu le lundi 25 juin 2012 par Kpokro Bally Kragbe

Une action publique telle que renseignée dans l’énoncé ne peut que produire des résultats insuffisants car elle a été fondée sur une approche Top-down. En effet, le panel de consignes dictées aux tribus pour se protéger s’est fait sans les associer. De ce fait la sensibilisation quant à la réduction voire l’élimination de l’usage du pö comme revêtement mural en construction s’avérait déjà infructueuse. De plus, la campagne d’information menée par les autorités devait s’accompagner d’une éducation sanitaire préliminaire associant l’ensemble des communautés villageoises dans le contrôle des facteurs de risques associés aux maladies respiratoires. En particulier le rôle du tabagisme doit être mis en avant et son contrôle doit être une priorité afin que les mesures de réduction de risque concernant l’exposition aux fibres de trémolite soient efficientes. Pour parvenir à cela les autorités du moment devaient aussi avoir une approche « down to top » c’est-à-dire recueillir les avis des populations cibles et permettre une gestion intégrée de la crise sanitaire causée par le pö dans leur région.
Les mesures possibles préconisées pour améliorer la sécurité des populations devaient être l’ensemble des mesures relatives à la protection des populations utilisatrices du pö comme mesure de protection des habitations villageoises. Il serait donc important d’adopter des mesures correctrices de l’usage de la Trémolite ou pö soit par son remplacement par une autre matière soit par abandon de celle-ci. Par ailleurs, de façon pratique, l’identification exhaustive des habitations recouvertes de pö constitue le préalable indispensable à la mise en œuvre de mesures de réduction d’exposition… . Du fait de l’absence d’expérience concernant les mesures de réduction de risque vis à vis d’une exposition aux fibres de trémolite, il n’existe pas à ce jour de solutions techniques efficaces connues concernant la décontamination des bâtiments, immédiatement transposables dans le contexte de la Nouvelle-Calédonie. Les différentes solutions existantes devront être testées d’un point de vue de leur faisabilité, mais aussi en terme d’efficacité quant à la réduction des niveaux de concentrations des fibres de trémolite à l’intérieur de l’habitat. L’étude de ces différentes solutions, de même que leur mise en œuvre ultérieure, doit s’appuyer au maximum sur les compétences et les ressources locales. Quelle que soit la solution qui sera adoptée, il apparaît indispensable de procéder dès maintenant au dépoussiérage complet interne des habitations. Cette première phase doit être confiée à un personnel formé afin d’éviter le recours à des pratiques individuelles qui pourraient aboutir à l’opposé de l’effet recherché. Ce dépoussiérage des maisons pourrait, dans l’attente des expérimentations, s’accompagner du recouvrement des murs par de la peinture. Une assistance financière devrait permettre aux populations d’acquérir la peinture à un faible coût sinon gratuitement et les personnes vivant de l’usage du pö comme revêtement mural, devraient être impliquées (moyennant intéressement bien sûr) dans la peinture des maisons dépoussiérées. Etant donné les incertitudes actuelles sur la faisabilité et l’efficacité des différentes solutions possibles, la solution consistant à détruire l’habitat à risque doit être également envisagée. Outre le fait, que cette mesure constitue une solution définitive au risque d’exposition lié à l’habitat, elle ne présente pas de difficultés techniques majeures, hormis le déguerpissement des populations et la limitation de la propagation des poussières dans les zones de destruction, et son coût n’est pas forcément rédhibitoire. La législation actuelle imposant, sauf impossibilité technique, de décontaminer les bâtiments recouverts d’amiante avant leur destruction, cette décontamination pourrait alors reposer sur le procédé le plus simple à mettre en œuvre. En tout état de cause, cette solution nécessitera d’établir avec les populations concernées un consensus sur le type de reconstruction, et devrait être intégrée dans un programme de développement de l’habitat.
Sur le plan sanitaire, la mise en place d’un système passif de prise en charge médicale, consistant à répondre à la demande spontanée des patients, constitue dans l’immédiat la solution la plus appropriée. Une information des professionnels de santé concernant les problèmes de santé liés à une exposition aux fibres de trémolite doit donc être rapidement mise en place. Ce système permettra de répondre aux inquiétudes à venir de la population exposée, suscitées par les campagnes d’information et d’éducation sanitaire. Elle nécessite au préalable de définir des protocoles de prise en charge, tant sur le plan exploratoire que sur le plan thérapeutique, ce qui nécessite la mise en place d’une coordination entre les différents services de santé. De plus, une telle démarche est susceptible, par rapport à la situation actuelle, d’améliorer la précocité diagnostique des cancers respiratoires (Commentaire : dont on connait l’inefficacité) Il sera donc nécessaire de rediscuter les protocoles actuels de prise en charge de ces patients. Concernant cet aspect, il revient aux spécialistes locaux d’organiser et de mettre en place une réflexion appropriée en collaboration avec les différentes équipes médicales ». En termes de bénéfice individuel attendu, les cancers respiratoires ne se prêtent pas actuellement à un dépistage systématique de la population. Cependant, d’un point de vue de santé publique, la réalisation d’une campagne de dépistage radiologique permettrait d’identifier les sujets présentant d’autres pathologies pulmonaires (tuberculose, bronchite chronique, emphysème etc.) pour lesquelles un dépistage précoce est utile, et d’orienter ainsi les personnes vers les structures de soins appropriées. Mais surtout, un tel dépistage permettrait d’estimer, dans cette population, la probabilité de cancer broncho-pulmonaire (et a fortiori de mésothéliome) dans la population. Un tel dépistage pourrait ainsi permettre d’identifier, au sein de la population exposée, une sous population présentant un risque élevé et de cibler l’éducation sanitaire auprès de ces sujets.
Afin de connaître précisément les niveaux d’exposition aux fibres de trémolite des différentes sources d’émission mises en évidence en Nouvelle-Calédonie, il est indispensable de réaliser des campagnes de métrologie reposant sur un plan d’échantillonnage dans les différents milieux : prélèvements à l’intérieur de l’habitat en l’absence d’activités et lors d’activités quotidiennes normales, prélèvements ambiants extérieurs, etc.
Pour finir, je préconise que des approches concertées de gestion de cette crise soient mises en œuvre pour qu’elle soit résorbée de manière efficiente.


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