Rome : trois pandémies successives

Les trois épisodes pandémiques dont il sera question ici ne doivent pas être confondus avec les trois pestes successives qui ont sévit en Europe, en Asie et en Afrique, depuis le Moyen-Age et jusque dans les premières années du 20ème siècle. Il faut aussi insister sur leur caractère de maladie « importée », facilitées par la connectivité de l’Empire. Nous mettrons de côté les maladies majeures qui sévissaient sur le territoire, que nous qualifierons d’endémiques : paludisme, lèpre, mais aussi dysenteries, du fait du caractère insalubre des villes de l’époque.
En l’an 165 AD (règne de Marc-Aurèle [1]), arrive une pandémie violente, que nous connaissons relativement bien, car le deuxième plus fameux médecin de l’antiquité, Galien [2], est arrivé à Rome juste avant. Le consensus actuel l’attribue au virus de la variole, un tueur impitoyable dont le taux de létalité avoisine les 50%. Il faut se projeter dans la compréhension de l’époque pour essayer d’imaginer l’impact sur les consciences qu’un tel événement pouvait avoir. Un seul épisode de même nature avait été enregistré par l’histoire, la peste d’Athènes de 432 AC [3]. Mais Athènes était une ville de quelques dizaines de milliers d’habitants, très loin du million de résidents à Rome. D’ailleurs bien des villes de l’époque avaient une taille importante (de 15 à 150000 habitants. Les quelques éléments dont on dispose, font estimer par les historiens un nombre de victimes autour de 7 millions, ce qui ne cesserait d’impressionner les contemporains, pourtant habitués aux ravages de la guerre, mais qui faisait, tout au plus, des dizaines de milliers de victimes. La violence de la vague épidémique en plus des « spectaculaires » symptômes de la maladie ont été enregistrés dans les récits.
Nous pourrions faire intervenir des aspects de l’histoire naturelle du virus, ses mutations p.ex., afin d’expliquer la violence de l’attaque, mais il est probable que l’état sanitaire des populations n’était que médiocre, malgré le développement socio-économique de l’époque. L’espérance de vie est estimée autour de 25 ans. L’impact global de la pandémie ne pouvait que s’en ressentir.
Moins d’un siècle plus tard, en 249, un nouveau pathogène, bien moins caractérisé [4] va sévir sur le territoire, ravivant les impressions (et les discours de fin du Monde). Il va occasionné des millions de victimes, mais c’est un autre fait surprenant qu’il nous faut souligner : les riches romains se convertissent au christianisme, dont des préceptes et le discours eschatologique [5], ainsi que la promesse de salut pouvant en être les attraits. D’une proportion quasi négligeable avant la peste de Cyprien, premier intellectuel chrétien, la population convertie passera à près de 20% au début du 4ème siècle.
La troisième pandémie, est intervenue en 541 AD. Première pandémie de peste à frapper l’humanité, elle intervient alors que le barycentre de l’Empire s’était déplacé en Orient, depuis la fondation de Constantinople [6] par le premier empereur converti au christianisme, Constantin. Nous y reviendrons.

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Notes

[1Un empereur philosophe, qui épousa les thèses des stoïciens

[2Le premier étant bien sûr Hippocrate

[3Elle serait selon des données récentes apparentée à de la fièvre typhoïde, provoquée par des souches de Salmonelles

[4Les meilleurs hypothèses actuelles penchent vers une grippe à virus Influenza

[5Se rapportant à la fin du Monde ou la fin des temps

[6Ville situé au contact de l’Europe et de l’Asie et sur le Bosphore, détroit qui réunit la Méditerranée et la Mer Noire

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