Après plusieurs décennies de travaux sur la gêne liée au bruit, disposons-nous aujourd’hui des éléments suffisants pour guider l’action publique ? Dès 1991, Fidell notait que ce n’était pas le manque de données qui était en cause, mais l’absence de théorie cohérente. Le schéma unificateur de Stallen va dans le même sens. Pour autant, comme pour la réglementation européenne, les courbes d’exposition – réponse en vigueur restent celles obtenues en mélangeant les résultats des enquêtes, y compris les plus anciennes.
La tentative de procéder à ce qui s’apparente à du « benchmarking, en introduisant le paramètre du niveau de tolérance de la communauté comme élément de comparaison entre les études, reste une proposition intéressante (voir encore le texte de Fidell et al. 2011), mais qui n’a pas été reprise. Pourtant, nous disposons aujourd’hui d’une bonne idée des associations entre la gêne et les attitudes individuelles ou les déterminants sociaux qui ont été mis en évidence par différentes études. Mais, comme dit déjà précédemment, ces études étant généralement de type transversal, les variables individuelles ou sociales étudiées sont évaluées en même temps que la gêne elle-même, ce qui ne permet pas de conclure quant à l’existence d’un lien de causalité ni sur le sens de ce lien. Précisons que la bonne mesure de la gêne se justifie doublement. D’abord il s’agit d’un des principaux effets sanitaires, puis la gêne est plutôt mieux corrélée aux autres effets sanitaires que l’exposition physique elle-même, un résultat compatible avec son effet médiateur d’autres pathologies.
Les différents critiques de la mesure de la gêne selon les méthodes classiques, argumentent que plusieurs facettes (insatisfaction, perception d’être affecté par le bruit...) de la réaction négative fasse au bruit ne sont pas capturées par les questionnaires habituels. Les arguments portent donc sur la validité psychométrique des questions. Pour autant, quel est le schéma implicite de la conceptualisation de cette gêne ?
Nous n’allons pas ici chercher à résoudre la limitation de l’épidémiologie environnementale qui révèle des associations statistiques et non des relations causales. Nous attirons néanmoins l’attention sur l’intérêt de proposer un schéma conceptuel de la gêne qui puisse être testé à partir de données empiriques. Le schéma de la figure ci-contre est fourni pour montrer la complexité de certaines tentatives, qui n’ont toujours pas à ce jour atteint un bon degré d’acceptation de la part de la communauté scientifique. Une des tentatives d’aborder les relations de causalité est décrite ici : La gêne liée au bruit et le sens de la (...). Le modèle est complexe et la tentative a été un relatif échec. Nous pouvons, en conclusion de ces questionnements qui laissent entrevoir des incertitudes (ou des lacunes de connaissances), nous demander quelle devrait être la bonne attitude du gestionnaire du risque (le bruit environnemental) ?