En guise de conclusions

Dans ce cours nous avons essayé d’éclairer la problématique de la gestion du bruit environnemental au regard des données de la littérature depuis les années 1960. Tout en nous limitant aux aspects psychosociaux du bruit, nous avons insisté sur le fait que le bruit, en tant qu’agression environnementale, comporte des aspects singuliers qui ne correspondent pas à la vision classique du facteur de risque physique des manuels de santé environnementale. Le bruit devient gênant au travers d’évaluations cognitives et de l’expérience perçue de l’exposition. Plusieurs auteurs ont proposé de multiples facteurs modificateurs, individuels ou contextuels, psychologiques ou sociaux. La plupart des avancées conceptuelles date des années 1990. Pourtant, le sujet semble loin d’être épuisé et de nouvelles approches sont encore tentées, surtout pour palier l’absence de preuve sur les chaînes de causalité.

Nous avons choisi la gêne causée par le bruit (plutôt que les autres pathologies associées) comme principal point d’entrée, du fait de la richesse de la littérature sur ce qu’elle englobe et la place qu’elle occupe dans les recherches sur les impacts sanitaires du bruit. Il faut avoir conscience qu’elle ne peut capturer l’ensemble des impacts sanitaires : certains effets pourraient se produire en absence de gêne exprimée. Ceci peut être particulièrement le cas pour la perturbation du sommeil, induite par la voie de l’éveil/stimulation (arousal) du système de stress, ou encore l’interférence avec le développement cognitif de l’enfant. Néanmoins, chaque individu est amené à évaluer son expérience, d’où des liens possibles avec la gêne exprimée.

Si nos connaissances des mécanismes de pathogenèse montrent encore des zones d’ombres, l’impact sanitaire est reconnu comme considérable (WHO 2011). Du point de vue de la santé publique, Passchier-Vermeer et Passhier, dans une grande revue publiée en 2000, notaient que le bruit serait une des problématiques persistantes au 21 siècle, dans la mesure où il est largement associé aux environnements urbains. Pourtant, les principaux effets du bruit ont déjà été identifiés il y a 40 ans.

Les dimensions psychoacoustiques du bruit ne sont pas non plus une découverte récente. Nos connaissances sur le bruit en tant qu’agression environnementale ont bénéficié des recherches sur le système de stress et ses conséquences physiologiques et mentales, depuis la fin des années 60. De ce point de vue, la gêne due au bruit occupe une place à part, étant à la fois un des principaux effets sanitaires, en même temps qu’un chemin vers d’autres pathologies. Cette appréciation subjective par les populations subissant le bruit, ne peut être révélée que par des enquêtes ciblées. Mais quelles en sont les retombées ? Les risques sanitaires dans leur ensemble sont gérés avant tout selon une démarche d’évaluation quantitative, c’est-à-dire la recherche de seuils d’exposition sans effet nocif observable. Ce schéma ne s’accordent pas complètement avec nos connaissances sur la pathogenèse liée au bruit (voir encore la revue de Passchier-Vermeer et Passchier, accessible sur la page de présentation du cours)). D’ailleurs, la lecture des Lignes directrices de l’OMS sur le bruit nocturne propose une valeur guide de 40 dB (WHO 2009), tout en reconnaissant son caractère irréaliste devant la situation actuelle. Une valeur de gestion provisoire de 55dB est proposée, mais quelle sera la durée de cette période transitoire ? La récente estimation de 900 000 années de vie ajustées sur l’incapacité (DALY) pour les perturbations du sommeil, établie par l’OMS montre pourtant le degré d’urgence (WHO 2011).

2 Messages de forum

  • En guise de conclusions 1er octobre 2014 12:10

    Bonjour prof,j’aimerais vous demander est ce qu’il existe un effet in utero chez les enfants via leur mère exposée au bruit ?

    Merci.

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    • En guise de conclusions 8 octobre 2014 00:00, par Yorghos Remvikos

      Le bruit induit du stress et nous connaissons des exemples d’impacts in utero de différentes formes de stress ou de violence. Donc, théoriquement oui, mais ce n’est pas un effet important.

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