L’eutrophisation est un accroissement de la biomasse végétale dû à un enrichissement des eaux en éléments nutritifs, qui entraîne des dégradations ou des nuisances manifestes (accumulation de macro-algues, poussées intenses de phytoplancton, coloration des eaux, fortes désoxygénations, perte de biodiversité).
L’eutrophisation est due à un apport excessif en nutriments et en matières organiques biodégradables issus de l’activité humaine, rejets industriels et urbains ainsi que des modes de production agricoles. Elle s’observe surtout dans les milieux aquatiques dont les eaux sont peu renouvelées. Stimulées par un apport substantiel en certains nutriments dont principalement le phosphore et l’azote, le phytoplancton et certaines plantes aquatiques croissent et se multiplient de manière excessive, ce qui conduit, lorsqu’elles se décomposent, à une augmentation de la charge naturelle de l’écosystème en matières organiques biodégradables.
La prolifération de grandes algues vertes sur le littoral est la forme d’eutrophisation la plus visible : les marées vertes sur certains sites des côtes bretonnes. Dans ces cas, du fait des courants et de la houle, il n’y a pas d’appauvrissement en oxygène comme dans les eaux plus stagnantes.
C’est le développement excessif de phytoplancton qui est à l’origine de conséquences plus graves. La biomasse produite entraîne parfois la coloration des eaux. Les bactéries, qui dégradent cette matière organique, prolifèrent à leur tour, en appauvrissant de plus en plus l’oxygène de l’eau. Ce manque d’oxygène porte atteinte à la flore, la faune et affecte particulièrement les élevages conchylicoles. Ces phénomènes s’observent dans les panaches de dilution des fleuves (Loire, Seine), en période printanière et estivale, les poussées pouvant conduire à des eaux colorées, parfois nauséabondes. Elles touchent aussi les lagunes.
La poussées de certaines espèces de microalques (dinoflagellées : Dinophysis sp. p.ex.) produisent des toxines qui sont très dangereuses pour la santé de l’homme. Ces toxines peuvent être à l’origine de gastro-entérites. D’autres agissent sur le système nerveux : toxines paralysantes ou amnésiantes. La voie d’exposition pour l’homme reste la consommation de coquillages contaminées (il s’agit d’organismes filtreurs).
La surveillance est assurée par l’IFREMER, par le biais du réseau REPHY (réseau de surveillance du phytoplancton et des phycotoxines) qui observe et recense tout phénomène d’efflorescence et prolifération d’espèces nuisibles pour la faune marine ou produisant des toxines dangereuses pour les consommateurs de coquillages.
Au-delà des effets sanitaires et environnementaux, l’eutrophisation peut avoir un impact négatif sur l’économie en affaiblissant directement les activités de pêche et de conchyliculture mais aussi dans le domaine touristique en offrant des plans d’eau peu attractifs.