Le déficit d’assainissement, tel qu’il existe encore de nos jours dans de nombreux pays, est la principale cause de maladies infectieuses, bactéries et virus d’origine fécale pouvant contaminer l’eau potable. Il ne faut pas oublier que jusqu’au milieu du 19ème siècle, des capitales européennes subissaient de manière récurrente des épidémies de choléra responsables de nombreuses victimes. L’histoire de John Snow et de son intervention environnementale en 1854 a été relatée ailleurs. La construction de réseaux de collecte des eaux usées (cad des égouts) a été la solution. Seulement, le devenir de ces eaux devait aussi être résolu. Dès la période romaine, la collecte a été mise en place. Cependant, la tendance qui a prévalue pendant des siècles a été de déverser les eaux usées dans les cours d’eau. Pour traiter le problème des odeurs, les cours d’eau étaient recouverts. Pour l’agglomération parisienne, une bonne partie des eaux brutes a été déversée pendant des décennies dans une plaine à environ 30-40 km du centre de Paris. Ces terres sablonneuses, irriguées par les eaux souillées, servaient essentiellement pour des cultures maraichères. Les terres sont aujourd’hui fortement contaminées par des métaux lourds, notamment le plomb.
La construction de stations d’épuration a apporté une amélioration des rejets en milieu naturel. Néanmoins, les process utilisés, n’ont pas permis de réduire les concentrations, en sortie de station, jusqu’aux niveaux qui ne porteraient pas atteinte aux milieux naturels. De plus, il restait à trouver des modes d’élimination pour les boues résiduelles. Ce type de traitement conventionnel (épuration biologique par boues activées) a permis quand même de régler en grande partie les contaminations microbiologiques. Par contre, les charges en matières organiques et en azote des rejets en sortie de station continuent encore à exercer une pression sur les milieux et à provoquer leur dégradation. De plus, la charge en phosphates des rejets domestiques ont contribué aux phénomènes d’eutrophisation.
En France, la mise aux normes des stations a pris un grand retard. L’adoption par l’Union européenne, dès 1991, de la directive sur les eaux résiduaires urbaines (pour plus de détails suivre le lien en bas de page) visait justement l’amélioration de la qualité des rejets en milieu naturel. Le non respect des délais imposés par la directive a valu à la France une menace de centaines de millions d’euros d’amendes et pénalités. Désormais, la mise aux normes des stations d’épuration est en cours, mais n’est pas encore achevée. Nous pouvons prendre l’exemple de la station d’Achères, la plus grande en Europe et deuxième en taille au niveau mondial (elle produit 120-140 000 tonnes de boues séchées par an), dont la refonte est en cours, la fin des travaux étant prévue pour 2011-2012. La Seine subit encore, en aval des points de rejets, les conséquences d’un excès de matières organiques qui affectent très fortement la DBO5 (demande biologique en oxygène). Le panache de matières en suspension au niveau de l’estuaire et au delà est visible sur les images satellites et a été une des motivations de la convention OSPAR sur les impacts au niveau des écosystèmes marins.
Il faut donc retenir que l’urbanisation est associée à l’enjeu de la programmation de l’assainissement, y compris en prévision des besoins futurs (augmentation de la population, réglementation plus stricte sur les substances dangereuses, normes sur les boues en fonction des filières d’élimination).