Comme pour les autres catégories de pressions sur la ressource en eau, nous considérons ici le cycle des usages industriels, c’est-à-dire les prélèvements (p.ex/ eau de qualité potable ou potabilisable...) et les rejets. De ce point de vue, il faut distinguer les cas où l’eau est :
Restituée au même milieu que le prélèvement ;
Restituée dans une autre masse d’eau ;
Consommée dans le processus ;
Stockée sur place ou à proximité.
Il est également important de savoir si par rapport à l’usage, l’eau va servir :
de matière première,
comme élément du procédé,
pour le rinçage, nettoyage, lavage,
pour le refroidissement.
Comme nous pouvons le voir sur la figure ci-contre, les usages industriels sont très divers, mais la production de combustibles et l’industrie chimique représentent plus de la moitié de la consommation.
Les tensions quantitatives que subit la masse d’eau proposée pour un prélèvement à usage industriel (ceci vaut pour l’ensemble des usages) est le premier élément à examiner dans une demande d’autorisation. Evidemment, les impacts interviendrons au moment de la restitution dans la masse d’eau, avec deux cas de figure : eau contaminée ou non lors du procédé industriel.
Les polluants d’origine industrielle peuvent être de nature différente :
Matières en suspension
DCO (demande chimique en oxygène)
DBO5 (demande biochimique en oxygène pour 5 jours)
Azote
Phosphore
Métaux
Matières inhibitrices (mesure du flux de toxicité aiguë, exprimée en équitox)
AOX (exprime la charge en substances organo-halogénées)
Sels
Chaleur
Substances toxiques
Radioéléments
Virus et bactéries
Les métaux lourds et les substances dangereuses (toxiques, persistantes, bioaccumulables) sont celles qui nécessitent le plus d’attention. Les voies de transfert et les formes sont également diverses et les traitements (les points de sortie étant ceux qui sont contrôlés) doivent être adaptés, comme nous le voyons sur la seconde figure. Historiquement, les teneurs autorisées au niveau des rejets étaient définies dans le sens de l’efficience (le plus possible à un prix acceptable). Aujourd’hui le principe serait plutôt les meilleurs techniques (de dépollution) disponibles, une notion introduite par la directive sur la prévention et contrôle intégrés de la pollution (IPPC) [1], les substances dangereuses étant généralement progressivement interdites. En cas de rejet direct dans le milieu, l’industriel se doit d’assurer le traitement, la réglementation applicable étant celle des installations classées. Si les effluents se déversent dans le réseau d’épuration collective, il y a obligation de prétraitement (pour obtenir une autorisation de déversement), toujours en application de la réglementation des installations classées (p.ex. les artisans, les PME/PMI qui constituent des sources dispersées).
De nombreux cas de pollutions historiques sont à déplorer dans les décennies passées, parfois volontaires et sans aucune déclaration (p.ex. le cas de la baie de Minamata au Japon dans les années 50) contaminant la chaîne trophique et provoquant des maladies graves. Notons que dans certains cas les rejets à l’origine de pollutions, qui aujourd’hui posent des problèmes environnementaux ou sanitaires, sont intervenus après autorisation des pouvoirs publique. L’exemple est celui des PCB qui contaminent la plupart des fleuves français (sédiments suffisamment chargés pour entretenir une contamination de la chaîne alimentaire), sans que nous disposions de sollution appropriée.