Le cancer du sein commence-t-il dans l’utérus ?

L’hypothèse selon laquelle une exposition prénatale aux perturbateurs endocriniens a pris naissance dès lors que deux conceptions bien ancrées ont commencé à être contestées :
- Le développement embryonnaire est le résultat de la simple exécution d’un programme génétique ;
- Seuls les agents mutagènes (ici équivalent aux génotoxiques) causent le cancer.

La prise de conscience que ce programme réducteur a été un échec dans le sens d’une compréhension plus robuste de phénomènes complexes a conduit à la ré- évaluation des vieilles recherches traditionnelles sur l’embryon et le cancer.

Malgré des études de la fin du 19ème siècle, illustrant le phénomène du polyphénisme déclenché par l’environnement, le point de vue dominant durant le 20ème siècle a été que le développement résulte du déroulement d’un programme génétique sur lequel l’environnement n’a, pour ainsi dire, aucune influence. Deux facteurs importants ont contribué à la domination de l’approche de programmation génétique. Le premier correspond à l’apparition de l’école de la mécanique du développement qui se concentrait sur le fonctionnement interne de l’embryon, plutôt que de se préoccuper de la détermination environnementale du phénotype. L’autre était l’approche génocentrée qui émergea avec la révolution de la biologie moléculaire.

En matière de cancer, la position dominante pendant la majeure partie du 20ème siècle a été celle de la théorie des mutations somatiques. Selon les thèses de cette théorie, 1) le cancer dérive d’une cellule unique mutée et qui accumule des mutations géniques multiples, 2) l’état par défaut des cellules métazoaires est la quiescence, 3) le cancer est une maladie de la prolifération cellulaire, causée par des mutations de gènes qui contrôlent la prolifération. Les programmes de recherches et les politiques basées sur cette théorie n’ont pas réussi à expliquer les causes du cancer, ni a fournir des traitement efficaces. Du fait de ces défauts, une tradition plus ancienne, centrée sur l’organisation tissulaire, a été mise à jour en tant que théorie des champs d’organisation tissulaire et gagne en importance dans le cas du cancer. Cette tradition est née au 19ème siècle quand les pathologistes ont commencé a décrire la structure histologique des tumeurs, à l’aide du simple microscope optique. Ils suggérèrent que l’organisation tissulaire altérée était à la base du cancer, reliant ainsi la cancérogénèse et l’embryologie. Contrairement à la théorie des mutations somatiques, la théorie alternative postule que : 1) la cancérogénèse représente un problème d’organisation des tissus, 2) la prolifération est l’état par défaut de toutes les cellules et 3) que la cancérogénèse est un processus réversible. Les cancérigènes, comme les tératogènes bouleversent la dynamique normale des interactions entre cellules voisines et tissus, dans le développement précoce et jusqu’à l’âge adulte. La cancérogénèse peut ainsi s’apparenter à une organogénèse qui aurait mal tourné.

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