Les enjeux de la pathogénèse développementale

L’identification de phases critiques au cours du développement de l’organisme entraîne de multiples conséquences au regard de nos choix de vie, des modes de production et de consommation. Sa non prise en compte peut au contraire aller à l’encontre de principes et de valeurs affichées, telle que la solidarité inter-générationnelle. Rappelons qu’il s’agit d’expositions pré- ou néonatales par la voie maternelle d’une grande diversité, comme le montre la figure ci-contre. De plus, il s’agit d’une vulnérabilité propre aux organismes en développement, les adultes pouvant être exposés à des doses similaires sans effets dommageables.

Dans les pages suivantes nous ferons référence à des pathologies définies cliniquement. D’autres atteintes, plus subtiles, sont connues qui peuvent simplement déplacer le spectre de la distribution des réponses. Ainsi des expositions précoces à des neurotoxiques (Pb, Hg) peuvent affecter le potentiel cognitif, qui se manifestera, par exemple, par un léger abaissement du quotient intellectuel. Ceci est à la fois une perte d’opportunité pour l’individu qui ne pourra s’épanouir et une perte de potentiel pour la société. C’est la raison pour laquelle nous insistons sur les atteintes neurodéveloppementales. Des estimations ont été réalisées, montrant des impacts colossaux, à l’échelle de générations. Boyle et col. ont publié en 1994 que d’après une enquête réalisée auprès des parents, jusqu’à un enfant sur six aux USA pourrait souffrir d’une incapacité d’origine développementale (voir aussi l’article attaché).

Une autre difficulté provient du délai d’apparition des manifestations pathologiques. Si les malformations, comme celles de l’appareil génito-urinaire mâle, sont évidentes à la naissance, dans d’autres cas les signes ne seront visibles que des années plus tard (maladies cardiovasculaires, tumeurs). De plus, des substances incriminées comme les perturbateurs endocriniens peuvent affecter plusieurs systèmes. Ainsi, les récepteurs aux œstrogènes se retrouvent dans les tissus du système reproductif (reprotoxicité), le cerveau (effet sur le comportement) ou les adipocytes (troubles du métabolisme des graisses).

2 Messages de forum

  • bonjour profeseur !
    J’ai bel et bien l’impression que l’o ne parle que des malformations qui sont apréciables ou du moins visibles ; qu’en est-il des autres ? Est-on en mesure de les quantifier voire identifier ou alors on va seulement se baser sur les manifestations extérieures : Exemple- malformations des organes internes tels foie, reins... suite à des expositions environnementales à certains toxiques !

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    • Les enjeux de la pathogénèse développementale 12 mai 2011 15:48, par Yorghos Remvikos

      Comme toujours, ce qui est visible est enregistré en premier. Il n’y a pas de raison d’en rester aux malformations génitourinaires. Ceci dit, il y a toute une série de conditions préalables qui tiennent à la possibilité d’estimer l’incidence de toute malformation dans la population et toutes les difficultés déjà discutées dans les pages d’épidémiologie, comme de récupérer les données d’exposition.

      Evidemment, ceci est plus simple dans les modèles animaux où il est possible de tester des marqueurs de dysfonctionnement hépatique (enzymes comme les gamma GT) ou rénal (protéinurie...).

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