Pathologies inflammatoires et cancer

Le virus de l’hépatite C, un virus à ARN très infectieux, dont vraisemblablement il existe des centaines de millions de porteurs de par le monde, est à l’origine de dommages hépatiques de type inflammatoire. Il augmente très fortement le risque d’une évolution vers la cirrhose et, avec une latence plutôt longue, l’apparition d’hépatocarcinomes. L’infection aiguë provoque une forte mortalité cellulaire (apoptose), par des mécanismes qui agissent sur les systèmes de défense de l’hôte (immunité cellulaire). Ce mécanisme semble subsister dans la phase chronique en même temps que s’installent les réponses classiques de l’inflammation chronique (production de signaux anti-apoptotiques et de stimulation de la prolifération).

L’augmentation du risque d’apparition de cancer dans les états inflammatoires chroniques est bien caractérisé. Ainsi la rectocolite hémorragique, associée à l’apparition d’adénocarcinomes coliques, est traité par des anti-inflammatoires non stéroïdiens.

Des modèles animaux ont permis de décortiquer les étapes moléculaires de la cancérogenèse. Des cytokines (facteurs diffusibles responsables de réponses cellulaires) favorisent la cancérogenèse par deux moyens :
- la protection de l’apoptose en réponse à l’inflammation
- la stimulation de la prolifération tissulaire en réponse à des cytokines produites par les macrophages, une population de globule blancs attirés au niveau du foyer inflammatoire.

Des conclusions similaires ont été rapportées dans un modèle de cancérogénèse hépatique de souris. Les carcinomes hépatocellulaires surviennent dans le contexte d’hépatite par choléstase (accumulation d’acides biliaires), une condition inflammatoire. Des molécules ayant une action sur l’apoptose des hépatocytes dysplasiques ont encore été mises en évidence. Ces observations mettent en perspective l’importance des traitements anti-inflammatoires (des agents anti-TNFα sont à l’essais) dans la prévention de certains cancers liés à des pathologies inflammatoires.

L’inflammation chronique, qu’elle soit liée à une infection virale, ou à une prédisposition génétique, peut-elle faire le lit du cancer de la prostate ? On pense en effet que l’accumulation de cellules inflammatoires pourrait aussi entraîner la formation dans les cellules souches de radicaux libres, susceptibles de provoquer des modifications génomiques dans l’ADN cellulaire, à l’origine de la cancérogénèse. Une inflammation chronique est par ailleurs souvent notée sur l’histologie des pièces de prostatectomie pour un cancer de la prostate, avec un stade intermédiaire de PIN (néoplasie prostatique intra-épithéliale = lésions précancéreuses).

Cette association est maintenant confirmée par la corrélation significative entre le degré d’inflammation et l’atrophie proliférative inflammatoire et les PIN , mais aussi par l’évolution des patients détectés initialement par l’élévation du PSA en fonction de la présence initiale de lésions d’inflammation chronique (très forte élévation du risque de diagnostiquer un carcinome dans les 5 ans).

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