L’observation au milieu du 19ème siècle de la rareté des cancers du col chez les bonnes sœurs laissait présupposer l’intervention d’un facteur transmissible dans l’étiologie de ce type de cancer. Depuis il a été décrit de nombreuses associations entre virus et cancers : HPV et col utérin, virus B et C de l’hépatite et hépatocarcinomes. L’infection à helicobacter (une bactérie qui colonise l’estomac, présente chez la moitié de la population mondiale) participe à la genèse des cancers de l’estomac et des lymphomes de type MALT (Les multiples conséquences de l’infection à (...)) et la schistosomiase, un parasite endémique dans certains secteurs du delta du Nile, reponsable de carcinomes de la vessie d’une forme inhabituelle. La reconnaissance de l’implication d’agents infectieux dans la genèse de certains cancers est très importante, puisqu’il est possible de prévenir ces derniers par des mesures classiques (vaccination, traitement des réservoirs, hygiène, etc.).
Bien évidemment, dans ces différents cas on identifie une certaine spécificité (type de cancer) et un tropisme d’organe, d’une grande diversité. Il nous faut rechercher s’il existe des règles communes concernant les mécanismes qui favorisent l’apparition de cancers. Dans l’ensemble, nous pouvons en proposer deux :
Les virus doivent expoiter la machinerie cellulaire de la cellule qu’ils infectent pour assurer leur propre cycle réplicatif. Les virus à ADN qui possèdent une certaine tumorigénicité inhibent les défenses de la cellule, celles-là même qui la protègent contre les agressions y compris les altérations génétiques.
L’infection s’accompagne de la production de signaux qui perturbent l’homéostasie, en déplaçant l’équilibre en faveur de la prolifération et la survie cellulaire (les cellules évitent le déclenchement de la mort cellulaire). Cette situation peut être assimilée à un état d’inflammation chronique qui a été décrit précédemment.
Ces règles sont valables, mais il existe de nombreux autres détails qui jouent un rôle important dans le processus :
Des facteurs liés à la souche de l’agent infectieux (certaine types viraux ou bactérien présentent un potentiel pathogène accru) ;
Des facteurs liés à l’hôte, en d’autres termes des susceptibilités individuelles ;
Des facteurs démographiques qui modifient la dynamique de l’infection (infection néonatale par l’EBV [1] endémique de certaines régions d’Afrique, associée à l’apparition d’un lymphome pédiatrique caractéristique, appelé lymphome de Burkitt (Le virus Epstein-Barr dans l’étiologie de (...)).