la pollution, source de divergence entre coût social et coûts privés

Pigou va suggérer qu’intérêt public et intérêts privés ne coïncident plus en présence de pollution, le coût marginal social – c’est-à-dire coût pour l’ensemble des individus pris ensemble – et coût marginal privé – c’est-à-dire coût pour un seul individu pris isolément – n’étant plus égaux du fait de cette présence. Cette divergence entre coût social et coût privé lui paraît d’ailleurs la marque même de la présence d’une externalité. Il faut noter également que Pigou est le premier, dans Economics of Welfare, à prendre, pour illustrer une analyse de bien-être, des exemples relevant à l’évidence de l’environnement, tel celui d’une cheminée d’usine qui fume et salit le voisinage. Il est symptomatique qu’en quelques années le même concept d’effet externe ait pu passer (au seul prix d’un changement de signe) de l’explication des bienfaits du « district industriel » marshallien à la prise en compte des nuisances dues au développement de cette même industrie.

Supposons une activité de production industrielle d’un bien quelconque. En l’absence de toute réglementation antipollution ou intervention et en supposant un marché de concurrence parfaite pour ce bien, le prix et la quantité produite d’équilibre seront respectivement P et Q : le prix étant considéré comme une donnée issu des différents arbitrages des agents individuels sur le marché, l’entreprise a intérêt à augmenter sa production du bien tant que chaque unité lui rapporte plus qu’elle ne lui coûte, c’est-à-dire jusqu’au point d’égalisation du prix et du coût marginal de production ; c’est l’optimum privé du producteur , c’est-à-dire la quantité optimale qu’il va produire pour maximiser son profit. Si l’entreprise ne prend en compte que son coût privé (le coût social compensé), elle produit le volume de production Q.

Si l’on suppose que des coûts non compensés sont infligés par cette production à d’autres agents, c’est-à-dire qu’existe, du fait d’une pollution, une externalité, on peut dire que le prix de marché P ne reflète pas la totalité des coûts engendrés par ladite production ; en conséquence de quoi le coût social est plus élevé que le coût privé en raison de l’effet externe (la pollution), et le volume de production correspondant à l’optimum social est Q’, inférieur à Q, correspondant à l’optimum privé du producteur.

Le coût privé de production doit en réalité être augmenté des éléments du coût social jusque là non pris en compte, ce qui se traduit sur la figure par un glissement de la courbe d’offre de S en S’, c’est-à-dire par le passage du coût marginal privé au coût marginal social. Intuitivement, cet écart est aisé à comprendre : on fait désormais un arbitrage entre les gains de l’émetteur et les pertes infligées au récepteur de la pollution. La pollution étant fonction de la production, on devrait donc avoir, en conséquence, une baisse de la pollution.

L’écart entre le coût social et le coût privé, qui représente l’effet externe, reflète l’absence de coïncidence entre l’intérêt privé et l’intérêt collectif. La prise en compte de ces coûts, qui correspondrait à « internaliser » l’externalité, entraîne la détermination d’un nouveau prix P’ plus élevé pour le bien et d’une quantité produite moindre. En attendant, puisque le coût social est supérieur au coût privé, le volume de production qui maximise le profit privé du producteur (Q) est supérieur à celui qui correspondrait à l’optimum collectif (Q’).

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l’externalité, écart entre coût social et coût privé

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