Les effets externes pris en compte par l’analyse économique n’apparaissent que lorsque la capacité d’assimilation du milieu est dépassée. De plus, la détermination du niveau optimal de pollution par égalisation du coût marginal d’épuration et de celui des dommages conduit presque toujours fixer cet objectif à un niveau excédant plus ou moins largement celui compatible avec cette capacité d’assimilation. Celle-ci va donc se dégrader ; si l’on passe d’une perspective statique à une perspective dynamique, cette dégradation peut aller plus ou moins rapidement jusqu’à l’épuisement. La capacité d’assimilation des milieux naturels est un plafond en écologie, un plancher en économie.
L’optimum économique du producteur, atteint au point d’égalisation du profit marginal et du coût marginal social, peut donc engendrer un niveau de pollution incompatible avec le maintien de l’équilibre des écosystèmes, car il aura alors été économiquement rentable de continuer à polluer au-delà de la capacité d’assimilation du milieu naturel (l’avantage retiré de chaque unité de production supplémentaire, mesuré par le profit marginal, étant, avant d’atteindre l’optimum, supérieur au dommage causé mesuré par le coût marginal social).
De plus, le progrès technologique est en général insuffisant, et l’effet quantité dû à la croissance de la production l’emportant sur l’effet qualité, la masse de polluants continue à croître. Même un niveau d’activité constant signifiant une croissance nulle suscite un processus d’accumulation de résidus puisqu’il s’accompagne d’une pollution non nulle. La tendance à l’épuisement de la capacité d’assimilation naturelle n’en est que ralentie, et le stock de résidus continue à s’accroître.
La détermination d’une capacité limite d’assimilation, la perception des nuisances, l’évaluation du coût social, sont très problématiques. Mais elles mettent l’accent sur les effets futurs de décisions présentes ayant un impact sur l’environnement, effets qui ne peuvent plus être ignorés dans le cadre d’un objectif de développement durable.
Les économistes tentent d’intégrer ces externalités intergénérationnelles dans les modèles de croissance - modèles de croissance endogène et modèles à générations imbriquées -, afin d’analyser les conditions sous lesquelles la croissance économique peut être compatible avec la préservation de la qualité de l’environnement.