1. Limites du principe de Paracelse (« la dose fait le poison ») en santé environnementale
Le paradigme de Paracelse suppose que la toxicité dépend uniquement de la dose, avec une relation linéaire et monotone (plus la dose est élevée, plus l’effet est grave). Cependant, ce modèle ne suffit plus pour décrire les problèmes actuels, notamment à cause :
_Effets non monotones à faibles doses : Certains perturbateurs endocriniens (PE) présentent des courbes dose-réponse en U inversé ou non linéaires. Par exemple, de très faibles doses peuvent déclencher des effets biologiques disproportionnés, tandis que des doses plus élevées n’ont aucun effet ou un effet moindre.
_Absence de seuil identifiable : pour les PE, il n’existe pas toujours de dose minimale sans effet (DSENO), car des expositions infimes pendant des périodes critiques (ex : développement fœtal) peuvent perturber durablement les systèmes hormonaux.
_Effets cumulatifs et synergiques : les interactions entre plusieurs substances à faibles doses (effet cocktail) peuvent générer une toxicité imprévisible, non captée par l’approche dose-dépendante classique.
2. Mécanisme des perturbateurs endocriniens
Les PE agissent en :
_Mimant les hormones naturelles (ex : œstrogènes), en se liant à leurs récepteurs.
_Bloquant les récepteurs hormonaux, empêchant l’action des hormones endogènes.
_Perturbant la synthèse, le transport ou la dégradation des hormones (ex : interférence avec les enzymes du foie).
Ces mécanismes entraînent des dérèglements du système endocrinien, avec des conséquences comme l’infertilité, des malformations congénitales, des cancers hormonodépendants (sein, prostate), ou des troubles métaboliques.
3. Forme typique de leur courbe dose-réponse
Contrairement aux courbes monotones classiques, les PE présentent souvent une courbe dose-réponse non linéaire :
_Effets maximaux à très faibles doses (ex : pic d’activité hormonale à des niveaux infimes).
_Atténuation ou absence d’effet à doses plus élevées, en raison de la saturation des récepteurs ou de mécanismes de compensation cellulaires.
Cette particularité rend les méthodes traditionnelles d’évaluation des risques (basées sur la DL50 ou la DSENO) inadaptées, car elles sous-estiment la dangerosité des expositions environnementales courantes.