Les problèmes de développement ont fait l’objet de plusieurs stratégies qui découlaient du concept de croissance et de ses effets a priori bénéfiques sur la société via sa diffusion par l’économie des pays. Schématiquement, trois stratégies ont été explorées et restent encore aujourd’hui appliquées dans des combinaisons variables selon les différents pays du tiers-monde :
la théorie dite des besoins de base invitait à imiter les étapes de la croissance des pays développés en les appliquant au tiers-monde par un investissement massif dans l’agriculture. Cette stratégie visait à augmenter le taux d’épargne dans les pays en voie de développement par un rapide accroissement de la productivité de leur secteur largement dominant. Les résultats étaient encourageants dans bien des cas, mais la croissance démographique limitait considérablement leur impact sur l’épargne. Dans certains pays, la productivité agricole par tête diminuait même !
une deuxième stratégie de développement se dégageait ensuite. S’il s’avérait si difficile de générer le développement selon les étapes de croissance de l’Occident, il fallait accélérer le processus par un autre moyen. II s’agissait de favoriser le transfert technologique en contrepartie des matières premières que les pays en voie de développement fournissent pour alimenter le style de vie occidental. Dans cette réorientation stratégique, la théorie économique des besoins de base cédait sa place à la théorie sociologique de la dépendance , qui débouchait sur une recommandation lourde de conséquence, celle de la substitution des importations par la production nationale. En effet, avec le transfert technologique, les pays en voie de développement étaient censés devenir des producteurs de produits industriels qu’ils importaient auparavant. Or, cette utilisation des connaissances technologiques se trouvait très vite limitée par le manque de qualifications de la main-d’œuvre indigène et la politique de substitution des importations était de plus en plus poursuivie par une politique protectionniste censée éviter la dépendance économique du tiers-monde des pays développés. Notons que cette discussion sur la stratégie la plus appropriée du développement s’est placée dans un contexte de décolonisation parfois très douloureuse où les arguments politiques l’emportaient sur la logique économique hostile au protectionnisme ;
la troisième stratégie misait donc sur le développement par l’éducation . Des campagnes d’alphabétisation, d’hygiène et de sante furent lancées. En termes économiques, cette stratégie se concentrait sur l’investissement dans le capital humain dont le rôle faisait que croître. Compris comme une condition indispensable pour assurer le succès du transfert technologique, le capital humain était censé orienter l’économie des pays du tiers-monde, basée sur les matières premières vers des produits manufacturiers. S’il n’est ici plus question de nier les problèmes culturels et sociaux du développement, l’on compte désormais toujours sur la croissance économique pour les résoudre. En stimulant la croissance globale, la dynamique ainsi créée finirait bien encore une fois par « ruisseler » vers le bas de l’échelle sociale et profiter également aux pauvres. cependant, ce raisonnement fait donc abstraction des obstacles à cette supposée verticalité sociale et donc des inégalités sociales dont les expressions les plus tangibles ne concernent pas seulement les conditions inégales d’accès à l’éducation, à la santé et aux besoins les plus élémentaires de nourriture, mais également de distribution de revenus et de fortunes aux niveaux national et international. Or, ces aspects se sont imposés dans les négociations internationales comme étant incontournables dans toute stratégie de développement.
Mais force est de constater qu’aucune d’entre elles n’est vraiment venue à bout des problèmes de développement, et ce avant même que la dimension environnementale ne s’y ajoute !