Si l’économie classique avait centré son propos sur la production et la répartition de richesses, l’économie néoclassique va, à partir de 1870, mettre en avant le rapport individuel entretenu par l’agent économique avec les biens et par conséquent s’intéresser davantage à la consommation.
Les pères fondateurs du courant marginaliste (Jevons, Menger et Walras) vont en effet avoir en commun l’énoncé du principe de l’utilité marginale décroissante. Jevons, par exemple, part de l’affirmation que la valeur dépend entièrement de l’utilité et souligne la distinction faite entre le montant total de cette utilité et ce qu’il appelle le « degré final de cette utilité », c’est-à-dire l’utilité marginale , ou encore la dérivée de l’utilité totale. On peut ainsi dire que l’utilité marginale d’un bien ou d’un service est l’utilité qu’un agent économique tirera de la consommation d’une quantité supplémentaire de ce bien ou ce service. [1]
Par conséquent, pour Jevons, le « problème économique » se ramène à ceci : « étant donné une certaine population, avec des besoins et des puissances de production variés, en possession de certaines terres et sources de matières, [c’est] trouver le mode d’emploi de leur travail qui maximise l’utilité de leur produit » [2]. La solution consiste à marier la philosophie utilitariste de Bentham, à laquelle Jevons adhère explicitement, avec le calcul différentiel.
Menger, quant à lui, moins utilitariste mais plus marqué par la psychologie, désire trouver les liens de cause à effet existant entre les choses et les valeurs humaines. À son avis, c’est le sujet humain qui attribue à une chose le caractère d’un bien lorsqu’il reconnaît à cette chose une capacité à satisfaire un besoin (utilité) et qu’il a lui-même le pouvoir d’utiliser cette chose pour en tirer des satisfactions. La valeur est clairement pour cet auteur un jugement porté par l’homme sur l’importance des biens.
Walras aussi se ralliera à la même époque à la théorie de l’utilité marginale décroissante . Il développe en effet, pour fonder sa théorie de l’échange, une théorie des préférences dans laquelle il pose trois conditions fondamentales, à la base de toute la théorie par la suite :
que les échangistes cherchent à maximiser leur utilité ;
que les utilités soient indépendantes et additives ;
que l’utilité marginale d’une marchandise soit une fonction décroissante de la quantité achetée.