On considère ici que les problèmes d’environnement proviennent du fait que beaucoup de biens et services environnementaux sont gratuits (« biens libres », cf. économistes classiques). Les exemples de la purification naturelle de l’eau, des fonctions protectrices des marais côtiers, de la diversité biologique dans une forêt tropicale, ou encore de la fonction protectrice de la couche d’ozone relèvent de cette catégorie.
L’analyse économique élémentaire du marché nous enseigne alors qu’en raison de la loi de l’offre et de la demande, un bien à prix nul fera l’objet d’une demande plus forte que s’il avait un prix positif. En fait, l’absence de marché pour ces services d’environnement, signifie que le prix sera égal à zéro et la quantité consommée à Q0. On consomme alors « trop » de services d’environnement. Même au prix P*, rien n’assure que l’environnement ne soit pas dégradé. Or le danger ici est que, si la demande croît, elle dépasse la capacité des biens et services environnementaux à la satisfaire. En d’autres termes, il peut y avoir surexploitation des ressources ou des capacités d’absorption de la biosphère. Par exemple, tant que l’on a traité la couche d’ozone comme une ressource à prix nul, il n’y a jamais eu d’incitation à la protéger.
La solution est alors de donner un prix à ces biens et services environnementaux, ce qui peut être fait par différentes méthodes, ou de trouver des procédures sociales telles que le principe dit « pollueur-payeur » permettant d’évaluer monétairement le coût de la surexploitation de certaines ressources naturelles ou celui de la pollution. De là découle toute la problématique de l’évaluation des biens et services environnementaux ainsi que celle de l’« internalisation des effets externes » aboutissant à la réalisation d’un optimum de pollution égalisant le coût social marginal du dommage et le coût marginal de réduction de la pollution. Nous entrons dans le domaine de l’économie de l’environnement , prolongement logique de la théorie néoclassique des marchés efficients, puisque, ici, la gratuité des biens environnementaux créé une « défaillance de marché ».