Un rapide bilan des sources à l’origine des polluants atmosphériques révèle qu’à l’exception de l’agriculture (aérosols de pollution azotée, NH4 et nitrates) et de certains procédés industriels, les autres émissions sont liés à la combustion, de charbon ou de pétrole et ses dérivés. En clair, en même temps que les polluants (NOx, particules, CO, HAP, etc.) sont générés, il y a production de CO2, le principal gaz à effet de serre (GES). Certes, il existe d’autres GES, parfois plus puissants que le CO2 : CH4, N2O et d’autres plus minoritaires, mais le premier reste dominant.
La conséquence évidente de ce constat est qu’il est difficile de dissocier la gestion de la qualité de l’air et la lutte contre le changement climatique. Néanmoins, il faut apporter plusieurs précisions :
Les deux types d’émissions ne doivent pas être considérées à la même échelle ; celles de CO2 correspondent à un problème global (national, continental, voire planétaire), alors que la pollution atmosphérique, du point de vue des impacts sanitaires, reste une problématique locale (ville, région).
La lutte pour la réduction de la pollution de l’air, entraîne souvent (mais pas systématiquement) une baisse des émissions des GES ; il convient donc de rechercher les synergies.
Il existe des situations antinomiques, dont il faut avoir absolument conscience,
- Les agrocarburants peuvent être vendus comme présentant un bilan carbone favorable, mais leur utilisation génère des polluants classiques (NOx, COV [1],
- La combustion de biomasse et plus particulièrement du bois, considérée comme une source d’énergie renouvelable, reste une source importante d’émissions de particules, voire d’autres polluants comme les dioxines, en fonction de la qualité du bois utilisé.
Aujourd’hui, la mise en place de Plans nationaux “Air et Climat”, témoigne de la prise de conscience de l’intérêt de l’approche combinée. En réalité, il apparaît de plus en plus clairement que nous pouvons comptabiliser parmi les bénéfices des politiques de réduction des GES et à condition de traiter simultanément le volet émissions de polluants, les co-bénéfices sanitaires. En d’autres termes et pour l’exemple, une réduction des émissions de CO2, par exemple suite à des mesures d’économie d’énergie (chauffage résidentiel, production d’électricité, mais aussi moindre dépendance de la voiture), peut être associée à une baisse substantielle des émissions de polluants dommageables pour la santé.