Le terme de “principaux polluants” est volontairement vague. Nous aurons l’occasion de définir ailleurs le terme de polluant et nous reviendrons sur les notions de polluant réglementé et polluant surveillé. En effet, le caractère “principal” peut être attribué du fait de son importance quantitative, c’est-à-dire l’importance des émissions conduisant à de fortes concentrations dans l’air ambiant. Nous pourrions lui préférer sa dangerosité, soit les impacts sanitaires associés. Une troisième façon pour être de prendre en compte le coût économique pour pouvoir effectuer une analyse bénéfices - risques. Certains calculs montrent que le coût de l’eutrophisation des masses d’eau par les retombées de la pollution acidoparticulaire sont bien plus importants que les coûts des maladies attribuables à cette même pollution.
Ici nous ne faisons qu’introduire le sujet, en essayant de faire le point sur l’état de la situation actuelle, les problématiques auxquelles nous avons à faire face et certaines interrogations qui persistent. Clairement, comme il a été dit ailleurs, les polluants importants comme les PM, les NOx, le SO2, les HAP, sont issus des processus de combustion. La situation est bien plus complexe pour un polluant secondaire comme l’ozone, dont les niveaux ne cessent d’augmenter (y compris dans les années à venir).
Ce sur quoi nous souhaitons insister ici concerne les connaissances dont nous devons disposer pour appréhender les problèmes poser par la pollution atmosphérique, préalable indispensable pour pouvoir conduire des politiques efficientes et efficaces pour améliorer la qualité de l’air. Nous utiliserons l’exemples des particules (PM) pour illustrer ce point. Ce choix a au moins une double justification. Il s’agit d’un polluant particulièrement problématique de par ses impacts sanitaires, mais aussi par l’évolution récente des concentrations atmosphériques qui sont restées à peu près constantes dans les principales agglomérations au cours des 10 dernières années.
La réalisation d’un cadastre des émissions (voir le cours qui est consacré à leur élaboration), permet de retrouver la contributions relatives des différentes sources répertoriées. Ceci pourrait nous donner des indications quant aux mesures à prendre et les bénéfices à attendre de celles-ci. Cependant, dans la mesure où il s’agit d’un polluant secondaire, englobant des origines différentes, un autre problème se surajoute. Il s’agit de la composition des PM, qui comprend une part de poussières qui trouvent leur origine dans la croûte terrestre, du carbone organique issu de la combustion de carburants fossiles ou de bois, de l’azote (essentiellement d’origine agricole) et d’autres comme des composés souffrés, sans compter les substances qui peuvent s’adsorber sur leur surface (les HAP par exemple). La connaissance de cette composition, dans la mesure où les constituants sont spécifiques d’une source, peuvent nous donner des pistes pour l’action. Enfin, il reste la question de l’attribution des effets sanitaires à une ou l’autre de ces composantes, sachant que les études épidémiologiques ne peuvent que corréler les concentrations globales (celles mesurées par le système de surveillance réglementaire) aux indicateurs sanitaires appropriés.