Un zoom par polluant : L’évolution historique (SO2 et fumées noires)

La mesure de la pollution atmosphérique réalisée de manière systématique remonte au milieu du vingtième siècle. La préoccupation d’alors étant essentiellement tournée vers la pollution industrielle, ce sont vers des indicateurs de ce type de pollution que les premières mesures étaient tournées. Par exemple, l’Ile-de-France des années 1950 à 1970 était alors beaucoup plus industrialisée qu’aujourd’hui, elle comptait plusieurs centrales thermiques à charbon, dont une seule à survécu aujourd’hui (Vitry-sur-Seine), tout en diminuant considérablement ses émissions.

En Ile-de-France, le Laboratoire d’Hygiène de la Ville de Paris (LHVP) assurait tout d’abord la mesure de l’acidité forte, indicateur de la pollution soufrée issue de la combustion dans l’industrie et la production d’électricité thermique, remplacée à partir des années 1990 par la mesure du dioxyde de soufre spécifique. La surveillance de cet indicateur était également assurée par un réseau industriel installé et exploité par EDF au début des années 70, dans la proche couronne parisienne autour des trois centrales thermiques (Saint-Ouen, Gennevilliers et Vitry-sur-Seine) puis dans le secteur de la centrale de Porcheville dans les Yvelines. Ce réseau a progressivement été repris lors de la création d’AIRPARIF, avec la mise en service de mesures spécifiques du SO2.

Le deuxième indicateur à disposer d’un historique de données de près de cinquante ans est les fumées noires. Il s’agit d’un indicateur d’empoussièrement de l’air, tourné exclusivement vers les particules « noires » issues de la combustion des combustibles fossiles comme le charbon ou le fuel. Aujourd’hui les fumées noires ne sont plus réglementées en France comme en Europe, la mesure perdure sur quelques sites, entre autres afin de faire vivre un historique de données vieux d’un demi-siècle.

La première partie de la figure illustre l’évolution de la moyenne hivernale de dioxyde de soufre (acidité forte jusqu’en 1993) à Paris, depuis 1956. Les concentrations ont été divisées par 20 environ au cours des cinquante dernières années, sous l’effet conjugué de la désindustrialisation progressive de la région, des progrès considérables dans les émissions industrielles (combustibles et réglementation) et de la production aujourd’hui prédominante de l’électricité d’origine nucléaire. Cet historique est à l’image de celui de Londres, frappé en 1952 par le célèbre épisode de « smog » hivernal qui aura entraîné la mort de plusieurs milliers de personnes, les concentrations atteignant alors 3500 µg/m3 de SO2 et 4500 µg/m3 de fumées noires en moyennes journalières !

Pour les mêmes raisons que pour le SO2, la figure ci-contre montre, pour les fumées noires, une tendance similaire à celle du SO2, une baisse d’un facteur 10 est enregistrée en cinquante ans. La baisse est moins importante que pour le SO2 et stoppée dès les années 1990, l’augmentation du trafic routier diesel (émetteur de particules) a pu jouer un rôle.

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