augmentation du bien-être social via l’application d’une taxe sur les pollueurs pour l’adoption de techniques moins polluantes

Du point de vue du bien-être, dans la mesure où, du fait de l’équipement antipollution, la pollution est plus faible, les victimes vont être prêtes à payer une somme inférieure pour supprimer chaque unité supplémentaire de pollution, c’est-à-dire que l’évaluation de la nuisance marginale diminue.

Si l’on se place sur un graphique type « Turvey », on a donc la droite 0L’ au lieu de la droite 0L comme coût marginal des dommages, Bm représentant comme toujours le bénéfice marginal. La surface en bleu comprise entre les deux droites 0L et 0L’ mesure l’amélioration de bien-être des victimes. Ce montant est évidemment à comparer avec le coût de l’appareillage antipollution. En effet, tant que ce gain dépasse le coût, on obtient un gain social net. Ce gain social est maximisé pour la valeur qui égalise l’évaluation marginale de la déséconomie et le gain marginal de l’entreprise. On remarque que la production permise par ce système est supérieure à celle donnée par le système initial 0Q. Plus la méthode de dépollution est efficace, c’est-à-dire plus la diminution de la valeur marginale de la nuisance est forte, plus la production optimale va se rapprocher de M, niveau de production maximisant le bénéfice privé de la firme A en l’absence de toute obligation d’équipement antipollution.

Notons quand même qu’ici nous avons considéré toutes les choses égales par ailleurs, notamment la courbe de profit marginal dont on peut penser qu’elle serait modifiée par l’apparition de ce coût d’équipement supplémentaire.

6 Messages de forum

  • Sur tous les graphiques, la courbe des bénéfices marginaux est représentée décroissante avec la quantité produite. Spontanément, j’aurais cru le contraire : le bénéfice marginal croit avec la production (ne serait ce qu’à cause des frais fixes).
    Est ce que vous pouvez m’éclairer ? Merci.

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  • Bonjour,

    Voudriez vous bien m’expliquer cette phrase plus clairement ? : "Ce gain social est maximisé pour la valeur qui égalise l’évaluation marginale de la déséconomie et le gain marginal de l’entreprise."

    Pour une compréhension plus claire de votre explication par rapport à la graphique, un exemple pratique pour le non-économistes serait le bienvenue, merci.

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    • La science économique dans sa branche "néo-classique" trouve son fondement dans le raisonnement marginaliste, issu notamment des travaux en physique sur la thermodynamique et la maximisation. Ainsi, le niveau fixé d’une quelconque variable sera jugé optimal du moment où on la retrouve dans deux fonctions qu’on égalisera à la marge (i.e. pour toute unité supplémentaire), c’est-à-dire, graphiquement, quand les dérivées des courbes représentant ces fonctions se croiseront.
      Dans le cadre de la mise en œuvre d’une politique (de lutte contre la pollution, par exemple), une collectivité va chercher à se livrer à une analyse coût-bénéfice issu de cette politique, donc juger de l’optimalité de celle-ci en comparant les bénéfices pour la collectivité si la politique est efficace et les coûts de mis en œuvre d’une telle politique. Si, à la marge, les deux sont égaux, alors cette option sera considérée comme optimale. Donc, ici, la dérivée de la fonction de bénéfice (le bénéfice "marginal") est égale à celle de la fonction de coût (le coût marginal) quand, graphiquement, ces deux droites se coupent.
      Ici, le point de départ est l’instauration d’une taxation sur les dispositifs considérés comme plus polluants, et qui incite plus les pollueurs à se tourner vers des techniques moins polluantes (internalisation des effets externes). On a vu qu’en présence d’une taxe suffisamment efficace, le pollueur sera incité à ajuster ses émissions polluantes aux nouvelles données qu’il intègre dans son calcul économique (des coûts supplémentaires dans sa fonction de production), donc à adopter automatiquement la technique de dépollution la plus efficace (ce qui n’est possible avec l’instauration d’une norme qu’en l’ajustant régulièrement, ce qui coûte plus cher pour la collectivité !). Comme il est expliqué dés le départ, puisque la pollution diminue, les victimes de la pollution, devant l’efficacité d’une telle mesure, ne sont plus prêts à payer autant pour engager des actions de lutte contre une pollution supplémentaire (d’où le passage de la droite 0L à 0L’). Encore une fois, ce n’est pas le cas dans le cas d’une norme qui ne serait pas ajustée. Ainsi, la différence est mesurée par la zone en bleue, c’est-à-dire qu’au point N’, les victimes de la pollution perçoivent un gain par rapport à la situation prévalant en N (soit la différence entre les deux coûts marginaux). Mais la collectivité est représentée, dans son ensemble, par des victimes de la pollution, mais également des émetteurs de la pollution. Si jamais ce gain est plus que compensé par la perte engendrée, par la firme, par instauration de la taxe (ou le coût de mise en place d’un dispositif antipollution), le bénéfice pour toute la collectivité est inférieur au gain ! Donc, la situation n’est plus optimale. Ainsi, pour la firme, il n’y a qu’un seul niveau de production, qu’elle paye la taxe sans dépolluer, ou qu’elle mette en place le dispositif l’empêchant de pollueur- donc de payer la taxe), celui qui correspond à l’intersection entre le bénéfice marginal et le coût de dépollution, soit la quantité Q’. Ainsi, la taxe permet soit de compenser une perte de bien-être pour les victimes, soit de forcer le pollueur à investir pour ne plus polluer, mais avec, comme corolaire, de produire plus du bien (proprement, par contre !). Dans les deux cas, le bénéfice marginal égalise le coût marginal de la collectivité (pollueur + victime pour les deux fonctions).

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effet incitatif de la taxe sur l’innovation contre la pollution (graphique de Turvey)

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